L’histoire du cinéma est une discipline qui a pour objet l’inscription des films dans le temps. Elle étudie plus particulièrement les évènements qui ont marqué le développement du médium cinématographique et les causes qui sous-tendent ce développement. La question posée par l’historien du cinéma pourrait se résumer, comme le proposent Allen et Gomery, de la façon suivante : « Comment le cinéma en tant qu’art, technologie, phénomène social ou institution économique s’est-il développé au fil des ans ou comment a-t-il fonctionné à un moment donnée du passé? (1993, p. 19) ».
Bien que toute entreprise historique caresse quelque velléité d’objectivité, comme l’ont aspiré les historiens positivistes du 19e siècle, on sait au moins depuis l’École des Annales que cette quête est soumise à de multiples obstacles : accessibilité des sources, souvent lacunaires ou trompeuses, subjectivité inhérente de l’historien, contexte politique ou idéologique, etc., qui viennent obscurcir la lisibilité du passé. Dans la foulée du renouveau intellectuel entamée par la microhistoire, l’histoire du cinéma a initié une période de remise en question dans les années 1980, qui a contribué à en diversifier les objets d’études, en élargir les approches, et en modifier les objectifs fondamentaux. L’histoire du cinéma ne s’intéresse plus qu’aux seuls « génies », aux seuls « chefs-d’œuvre », ne cherche plus qu’à narrer une histoire linéaire qui fait autorité, mais à proposer des histoires alternatives et non hégémoniques (femmes cinéastes, cinématographies mineures, cinémas nationaux, etc.) à mettre au jour des figures et des technologies oubliées (bonimenteurs, projectionnistes, électrotachyscope, etc.), à opérer des croisements entre d’autres séries culturelles (lanterne magique, théâtre, littérature, bande dessinée, etc.).
Après avoir été le fruit d’enthousiastes et de technophiles, puis de cinéphiles et d’intellectuels provenant d’horizons divers, l’histoire du cinéma est ensuite entrée dans le giron universitaire. De nos jours, la recherche inédite en histoire du cinéma se déploie essentiellement par le biais des revues savantes et des groupes de recherche.
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